Deux millions de chaîne humaine – la voie Balte
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Gemmes
Le 23 août 1989, plus de deux millions de personnes ont formés une chaîne humaine de 687 kilomètres qui fut surnommée «la voie balte». Voulez-vous découvrir ce qui a amené toutes ces personnes à faire cet exploit?
L’histoire avant la voie Balte
Il faut revenir en arrière pour comprendre comment cette chaîne humaine a pu se former.
En 1985, Mikhaïl Gorbatchev devient le Premier secrétaire du Parti Communiste de l’Union soviétique en Russie. Il déclenche la politique du Glasnost et de la perestroïka. En d’autres mots, une politique de transparence et de reconstruction portant sur trois axes prioritaires : l’économie, le social et l’éthique en accélérant un processus de démocratisation et de transparence.
Dans ce petit vent de liberté apportant un souffle nouveau, les pays qui étaient, jusque là sous contrôle de l’Union Soviétique, commencèrent à manifester plus amplement leur opposition à cette domination.
Le pacte olotov-Ribbentrop
Le 23 août 1989 fut une date spéciale: celle du cinquantième anniversaire du pacte Molotov-Ribbentrop. Ce pacte était un accord diplomatique signé entre les ministres d’Affaires Étrangères allemand et soviétique. Il s’agissait d’un accord de neutralité en cas de conflit entre l’Allemagne et l’Union Soviétique avec une clause de non agression. Cet accord comportait un protocole secret qui définissait la sphère d’influence des deux pays ainsi que des pays situés entre les deux : la Scandinavie, les pays baltes, la Pologne, la Roumanie et la Finlande. En cas de réorganisation territorial, cet accord spécifiait même de quelle manière la Pologne serait partagée. Ce partage eut lieu après que la Pologne ait été envahie par l’Allemagne nazie. La Gestapo s’engageait à livrer les réfugiés russes (Russes blancs ou dissidents) présents en Allemagne réclamés depuis longtemps par l’URSS. Pour rendre la pareille, l’URSS s’engageait à son tour à livrer les réfugiés antifascistes allemands et autrichiens qui étaient sur leur sol.
Ce pacte permettait aussi, au troisième Reich, de rapatrier des divisions ,majoritairement celles blindées, vers l’Ouest, sans craindre d’être attaqué par l’Union Soviétique.
C’est ainsi que les Allemands purent envahir, en mai 1940, la France par un Blitzkrieg (une guerre éclair). L’année suivante, ils se retournèrent contre l’Union Soviétique le 22 juin 1941, avec l’opération Barbarossa, rompant les termes de ce pacte.
Ce pacte permis aussi à l’Union Soviétique d’agrandir sans combattre son territoire en rognant sur les pays baltes, la Pologne et la Roumanie.
Côté commercial, les échanges entre les deux pays du pacte furent augmentés, permettant ainsi à l’Allemagne de faire des réserves de matières premières qui furent déterminantes pour son réarmement avec la guerre qui allait suivre. L’URSS ne fut pas en reste: l’accord lui permit de recevoir une grande quantité d’armements, d’équipements industriels, une avancée dont la France et l’Angleterre ne bénéficieront pas.
Conséquences sur le court terme
Ceux qui furent fort mécontents de ce pacte étaient les Japonais, au point de créer une crise gouvernementale. Ils dénoncèrent une trahison. Leurs forces ayant été encerclées par les Soviétiques à Khalkhin Gol, ils se virent contraints de signer un traité qui les contraints à mettre un terme à leur projet de faire une alliance anti-soviétique le 16 septembre 1939.
Le 28 septembre 1939, soit douze jours après l’invasion soviétique et un mois après celle d’Allemagne, ce dernier signe le traité germano-soviétique de délimitation et d’amitié avec l’URSS. Les collaborations et zones d’influence sont redéfinies et redessine les frontières de la Pologne. Ils s’entendent sur leurs citoyens qui sont dans l’autre pays afin de permettre une circulation et la préservation de leurs droits. La Lituanie est mise dans la zone d’influence Soviétique alors que la Voïvodie de Lublin et des zones de Varsovie sont mises sous influence allemande. Ils ajoutent des clauses pour éviter une résistance polonaise.
Le 9 octobre 1939, l’URSS exerce une pression sur la Finlande pour obtenir l’Isthme de Carélie, une base navale qui les intéresse. Le 14, l’URSS loue le port de Hanko dans un bail de trente ans et qui est stratégique car il contrôle l’entrée du golfe de Finlande. Elle réclama aussi les abords du port de Mourmansk qui est le seul port soviétique utilisable toute l’année. Cela aurait fait un échange de 2’750 kilomètres carrés de territoire Finlandais contre 5’527 kilomètres carrés russe autour de Repola et Porajorpi. Mais la Finlande refusa ne voyant pas l’intérêt, étant déjà liée à l’URSS par un pacte de non-agression de 1932 et estimant aussi avoir les moyens de repousser les agressions.
Le 28 novembre, l’URSS dénonça le traité de non agression et envahi la Finlande le 30!
L’URSS utilisa la même stratégie sur les pays baltes malgré un pacte de défense et d’assistance mutuelle : elle utilisa comme prétexte «ll’incident d’Orzel».
L’incident d’Orzel
Le 15 septembre 1939, un sous-marin polonais, le «Orzel», arrive à Tallinn en Estonie, pays neutre qui ne le contraint pas à se désarmer ni à interner l’équipage en se basant sur un article de la Convention de La Haye de 1907 qui leur laissait 24 heures. En effet, ce sous-marin venait de participer au ‘Plan Worek’, le 1er septembre, à un conflit en mer baltique contre l’Allemagne nazie qui attaquait la Pologne. Le commandant avait besoin d’être hospitaliser d’une maladie inconnue qui le faisait souffrir depuis le 8 septembre et le sous-marin devait être réparé des dégâts subis. Mais l’Estonie subit des pressions de la part de l’Allemagne. Elle envoya des autorités militaires à aller à bord du sous-marin, démantelant l’armement et en maintenant l’équipage à bord. L’insigne naval fut même enlevé.
L’équipage et son nouveau commandant prirent la décision de s’évader. Ils sabotèrent les torpilles des Estoniens et quittèrent le port sous les projectiles. Seulement l’Union Soviétique accusa l’Estonie d’avoir délibérément laissé ce sous-marin partir et de cacher d’autres sous-marins dans leurs ports.
L’Union Soviétique envahi la Pologne le 17 septembre sur ce prétexte, accusant l’Estonie de conspiration.
Le sous-marin Orzel arriva en Écosse le 14 octobre et fut coulé plus tard en 1940.
L’anniversaire en 1989
Le 23 août 1989, cette date célèbre le 50ème anniversaire du pacte Molotov-Ribbentrop. Pourquoi manifester après 50 ans? Parce que c’est seulement l’année précédente, en 1988, que le contenu de cet accord a été rendu public!
Les mouvements nationaux des trois pays baltes joignent alors leurs efforts pour faire un rassemblement massif:
. Le Front populaire d’Estonie.
. Le Front populaire de Lettonie.
. Le Mouvement réformateur de Lituanie.
(Beaucoup de triangles dans leurs logos).
Ils suscitèrent une grande levée du peuple qui forma cette chaîne humaine avec la population des trois pays baltes. Ils en profitèrent pour réclamer l’indépendance de leurs pays qui avaient étés illégalement annexés à l’URSS en juin 1940.
Ce fut donc une manifestation pour l’indépendance face à ce pacte qui avait aboli l’indépendance des pays baltes.
Ils finirent par obtenir leur indépendance suite au coup d’Etat de Moscou le 19 août 1991.
Quelques chiffres
687 kilomètres de long.
Plus de deux millions de personnes. Selon les estimations, plus d’un tiers de la population des pays baltes y a pris part.
3 pays, avec une chaîne humaine partant de Vilnius (Lituanie) en passant par Riga (Lettonie) à Tallin (Estonie).
On peut trouver des oeuvres d’art commémorant cet événement à Vilnius, en Estonie:
Sur la place de la cathédrale: «Baltic way» (1) de l’artiste Gitenis Umbrasas sur la route de la liberté à la jonction de l’avenue Konstitucijos et de la rue Geležinio Vilko. Construite à partir de plus de 20 000 briques venant de dons, la sculpture mesure 63 mètres de long et 3,5 mètres de haut.
Sur la colline de Gediminas, à côté du point de départ de la voie baltique : la tour Gediminas est décorée (2) lors des anniversaires de cet événement.
Selon la Bible
Lorsqu’un peuple se ligue ensemble pour œuvrer pour une même cause, rien ne peut les arrêter!
Genèse 11 verset 6.
Et l’Éternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté.
Oui, même la Bible dit que l’union fait la force!
Que faut-il retenir ?
L’incident du Orzel montre encore, dans l’histoire, de quelle manière une nation utilise un prétexte pour envahir une autre.
J’ai le sentiment que nous aurons un jour une autre lumière sur cette histoire: trop de faux drapeaux dans le narratif.
Mais ce que nous voulons retenir aujourd’hui, c’est l’exploit d’avoir fait une chaîne de plus de deux millions de personnes: petits et grands de trois nations, qui se sont mis ensemble pour former cette chaîne. Trois pays, une seule voix. Ils ont voulu exprimer, de manière non violente, leur désir de redevenir indépendants après avoir découvert les termes d’un pacte secret entre Hitler et Staline.
Les historiens disent que cette chaîne inspira la tombée du rideau de fer.
Vous voyez, la violence n’a pas besoin d’être toujours employée…
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Plus de détails et les sources sont données dans la section ci-dessous « En savoir plus… ».
Sources externes
Référence
(1) Baltic Way -lithuania.travel page news/la-voie-baltique-une-chaine-humaine-reliant-trois-etats-dans-leur-quete-de-liberte
(2) Décoration de la tour Gediminas -Site theculturetrip (.com) article the-baltic-way-the-day-2-million-people-held-hands-for-freedom
En anglais
- Thebalticway (.eu) – The Baltic Way – History.
Articles :
En Français
- Wikipedia – Voie balte.
- visegradpost. (.com) – Voie Balte 2021 : une chaîne humaine contre la « dictature sanitaire »
En anglais
- Wikipedia – Baltic way.
- Wikipedia – Orzel incident.
Vidéos à rechercher (*) :
En Français
- YouTube – Euronews (en français) – Il y a 50 ans, les pays baltes défiaient l’URSS.
En anglais
- YouTube – Saeima – The Baltic Way 30.
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