Allons-nous vers un Novaland?

Gemmes

« Je suis, donc je pense ». C’est la fameuse citation de Pascal. Il n’a pas tort : c’est la spécificité de la race humaine ; nous ne pouvons pas « être » sans « penser ». La pensée utilise des mots, concepts et images qui proviennent de notre langue. Or, les médias ne cachent pas que notre langue s’appauvrit.

Quel en est l’impact ?

Les mots

Dans son roman de science-fiction « 1984 », l’auteur George Orwell décrit un monde futuriste où une dictature mondiale impose une langue : le « Novaland ». Le héros du roman est un fonctionnaire chargé d’épurer constamment le vocabulaire et de mettre à jour les archives en conséquence. Il efface la mémoire des mots porteurs d’un concept précis.

Or, limiter un vocabulaire, c’est limiter la pensée. Observez un jeune enfant qui est en train d’apprendre sa langue maternelle. Au début, il a peu de mots, peu de vocabulaire. Sa connaissance des mots s’étend au fur et à mesure qu’il grandit ainsi que sa capacité à penser, à s’exprimer et à imaginer.

Un autre exemple : si vous prenez un ouvrage d’origine datant du XVIIème siècle (non adapté à notre langue « moderne » : arriverez-vous toujours à le comprendre ? Leur manière de s’exprimer et d’élaborer une idée utilise un vocabulaire bien plus élaboré que celui de nos rédactions et discours d’aujourd’hui.

Si vous n’avez pas de mots pour définir un concept, comment allez-vous l’exprimer, le communiquer ? Plus une langue s’appauvrit en réduisant le nombre de mots et les concepts qui leur sont associés, plus on réduit notre champ de pensée.

C’est d’ailleurs ce que l’écrivain George Orwell dénonce dans son livre :

• « Pour que les concepts de liberté intellectuelle et politique disparaissent, il suffit tout simplement d’éliminer le nom. Un concept qui n’a pas de mot pour le définir n’existe plus. Nous réduisons le champ de la pensée jusqu’à obtenir une pensée limitée. »

L’article de Christophe Clavé

Dans un article d’AGEFI intitulé « Baisse du QI, appauvrissement du langage et ruine de la pensée Christophe Clavé a abordé ce sujet (1)

L’effet de Flynn

Il explique « l’effet de Flynn ». Cet effet (qui porte le nom de celui qui l’a trouvé) avait établi un principe : le Quotient Intellectuel (QI) moyen ne cesse d’augmenter dans la population. Seulement, c’était vrai jusque dans les années 1990, mais après cette période, les chercheurs en sciences cognitives ont observé l’inversion de cette tendance.

Pourquoi ?

Ils ne sont pas tous d’accord sur les causes car il y a apparemment plusieurs facteurs. Mais il y en a un qui sort du lot : l’appauvrissement du langage.

Si vous avez des adolescents, vous pouvez le constater : depuis l’arrivée des réseaux sociaux, on écrit en abrégé, on s’exprime de manière bien moins développée et bien moins complexe. Même si une langue évolue toujours au fil du temps, les dernières décennies ont imposé des évolutions majeures et bien tranchées qui n’ont rien à voir avec l’évolution de langue « naturelle » :

Moins de temps de conjugaison

Le français d’aujourd’hui utilise moins de temps de conjugaison. Le subjonctif est remplacé par le temps présent – comme pour réduire la projection de la pensée dans le temps. L’utilisation du temps présent semble forcer les gens à se focaliser seulement sur le présent et à ne pas penser au futur ? L’incitation est : « Ne réfléchissez pas » !

Plus de vouvoiement

On ne vouvoie plus mais on tutoie de plus en plus : on supprime les barrières sociales qui marquaient une marque de respect à ceux que l’on devait le respect (entre élèves et professeurs, entre un employé et son responsable etc.) Les élèves tutoient leur professeur, mais du coup, ils perdent la notion de respect qu’ils lui doivent car ils le mettent au même niveau qu’eux.

Des mots qui disparaissent

La notion de « Mademoiselle » disparait de plus en plus. On ne distingue plus la femme célibataire d’une femme mariée ni une jeune fille d’avec une femme adulte comme si un homme devait les aborder de la même manière…

C’est l’exemple d’un simple mot qui définit la relation que l’on doit avoir avec l’autre…

Depuis le 20^ème siècle, il y a eu des vagues successives de simplification de l’orthographe. Cette pratique coupe la racine des mots et fait oublier leur sens originel. Une simplification de la langue implique que l’on éradique des mots qui portaient chacun un concept : ce mot et le concept associé seront perdus.

Les majuscules, la diminution de la ponctuation enlèvent aussi les subtilités qui existent dans une expression.

C’est un moyen de limiter la pensée, car moins on a de mots, moins on pourra exprimer ce que l’on ressent ou communiquer une pensée élaborée.

Un impact sociétal

Nos mots émettent des images et un concept et nous font agir en conséquence…

Dans son article, Christophe Clavé indique que des études ont démontré, qu’en partie, les gens deviennent violents lorsqu’ils n’arrivent plus à exprimer leurs émotions. Ils n’ont pas réussi à exprimer leurs émotions avec des mots !

Les mots s’enchaînent pour exprimer un raisonnement, une idée.

N’est-il pas intéressant de noter que les dictatures mettent rapidement une propagande pour imposer leur vocabulaire, leurs concepts d’idées et interdisent certains mots et concepts qu’ils réfutent ?

Notre société change aussi la définition des mots et s’insurge lorsque l’on n’utilise pas le bon vocabulaire. Et cela touche le domaine politique (les extrêmes), le domaine social (les genres).

Et si certains mots sont abolis car considérés comme « tabous » ou « dangereux », c’est la liberté d’expression qui en pâtie.

Une autre question qu’il faudrait aussi se poser avec l’anglais qui s’impose comme « langue mondiale ». N’est-ce pas un moyen d’imposer un même schéma de pensée et de limiter ainsi l’innovation ? En d’autres mots : une sorte de « contrôle » ?

Selon la Bible

Dieu a créé l’univers, la Terre et tout ce qu’ils contiennent par la Parole – des mots (2).

L’apôtre Jean décrit Jésus de cette manière :

Jean 1 versets 1-4.

• Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
  Elle était au commencement avec Dieu.
  Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
  En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

Jésus et la Parole ne font qu’un car par Lui, tout a été créé par ce qu’Il est : la Parole de Vie.

La Bible nous enseigne aussi que nos mots ont une énorme puissance : celle de donner la vie ou la mort.

Proverbes 18 verset 21.

• La mort et la vie sont au pouvoir de la langue; Quiconque l’aime en mangera les fruits.

L’apôtre Jacques donne aussi un avertissement aux chrétiens pour qu’ils prennent conscience du pouvoir de leurs paroles afin qu’ils y fassent attention :

Jacques 3 versets 4-6.

• Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit gouvernail, au gré du pilote.
  De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voici, comme un petit feu peut embraser une grande forêt.
  La langue aussi est un feu; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne.

La Bible enseigne qu’il faut faire attention aux mots que nous prononçons. Car de bonnes paroles sont des bénédictions. De mauvaises paroles sont des malédictions.

Jacob l’avait bien compris. C’est ce qui l’a poussé à se saisir de la bénédiction qui était normalement destinée au frère aîné – Esaü. Mais ce dernier n’en a fait aucun cas : Jacob ne se gêna pas pour la lui voler et il reçut la bénédiction à sa place. Et cette bénédiction trouva son accomplissement dans sa vie ! (3)

Regardez la réponse d’Isaac lorsqu’il découvre que c’est Jacob qui a reçu la bénédiction au lieu de son fils aîné :

Genèse 27 verset 35, 37.

• Isaac dit: Ton frère est venu avec ruse, et il a enlevé ta bénédiction.
  (…)
  Isaac répondit, et dit à Ésaü: Voici, je l’ai établi ton maître, et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs, je l’ai pourvu de blé et de vin: que puis-je donc faire pour toi, mon fils?

Isaac n’avait absolument AUCUN DOUTE que la bénédiction était désormais sur Jacob au point de répondre à Esaü qu’il ne peut plus rien y faire ! Il ne peut plus récupérer cette bénédiction ! Pourtant, il n’a fait que prononcer des mots !

Dans le livre d’Apocalypse, un passage dit que les croyants vaincront « à cause de la parole de leur témoignage » ! Ils vont vaincre à cause de LEUR PAROLE.

Apocalypse 12 verset 11.

• Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort.

Et il y a bien d’autres exemples dans la Bible qui mettent en avant la puissance de nos paroles !

Allez ! Un dernier pour la route !

Psaumes 34 versets 12-14.

• Quel est l’homme qui aime la vie, Qui désire la prolonger pour jouir du bonheur?
  Préserve ta langue du mal, Et tes lèvres des paroles trompeuses;
  Éloigne-toi du mal, et fais le bien; Recherche et poursuis la paix.

Ta vie dépend de ce que l’on dit sur soi, sa vie, ses circonstances et ceux qui nous entourent !

Que faut-il retenir ?

Jésus est présenté par l’apôtre Jean comme étant la Parole faite chair (4).

L’être humain est doté de l’usage de la parole, des mots porteurs de vie ou de mort : des paroles qui tuent ou qui créent, qui maudissent ou bénissent.

C’est une autorité et puissance dans nos paroles que le diable nous a jalousé. N’est-il pas étonnant qu’il y ait une guerre contre les mots ?

Les dictatures n’ont eu cesse de s’y attaquer.

Jean 6 verset 63.

• C’est l’esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.

Nos mots peuvent changer notre vie et celles des autres. La Bible décrit la Parole et nos paroles comme étant une épée qui fait partie de nos armes défensives (5).

Il est donc important de cultiver notre vocabulaire et de veiller sur les mots que nous prononçons. Sinon, nous allons droit vers un Novaland.

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