Infiltré volontairement à Auschwitz
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Gemmes
Lorsque l’on sait maintenant ce qui s’est passé au camp d’Auschwitz, qui se serait volontairement jeté dans cet enfer? Pourtant, c’est ce que Witold Pilecki, un résistant et soldat polonais a fait, pour savoir ce qui se passait dans ce camp, avec l’intention de le révéler.
Voulez-vous en savoir plus?
Qui est Witold Pilecki?
Witold Pilecki est un officier polonais. Le 19 septembre 1940, l’armée allemande le capture lors d’une rafle, mais ils ignoraient que cet homme avait une mission: celle d’être interné à Auschwitz, infiltrer le camp de la mort pour savoir ce qui se passait à l’intérieur.
Witold ignore qu’il vient de se porter volontaire pour aller…. en enfer.
Une fois descendu du train, il réalise très vite qu’il faut s’inventer un métier pour aller dans la file de ceux qui pourront survivre.
Une fois dans le campement, il en voit toute l’horreur: le taux de survie n’est que de 3 mois tout au plus dans le meilleur des cas. Il faut s’organiser pour survivre et surtout, pour créer un réseau de résistance au cœur même de cet enfer et trouver le moyen que «l’extérieur» sache ce qui s’y passe.
Mais, tout d’abord, qui est-il?
Witold Pilecki est né le 13 mai 1901 à Olonets, au bord du lac Ladoga en Russie. Sa famille est issue de l’aristocratie polonaise. Son père, Józef Pilecki h. Leliwa est un nationaliste et partisan de l’insurrection de janvier 1863, un mouvement sécessionniste. En guise de répression, le gouvernement tsariste russe révoque ses titres et confisque ses biens. On le condamne à un exil de sept ans en Sibérie. Au bout de sa peine, sa famille est contrainte de s’installer dans le territoire de Carélie avec l’injonction d’y rester pendant 30 ans.
Son père se marie plus tard avec Ludwika Pilecki, née Osiecimska et ils auront cinq enfants dont Witold. En 1910, la famille s’installe dans le kraï du territoire du Nord-Ouest puis à Wilno (aujourd’hui Vilnius en Lituanie), de culture polonaise.
Pilecki devient scout (qui s’appelle ZHP) après l’école primaire – ce qui est une activité clandestine interdite par la Russie car elle soutient l’armée polonaise.
Pilecki a donc grandi dans une famille de résistants mais aussi où la foi avait une grande importance. Ils allaient à l’église et n’ont pas manqué d’éduquer leurs enfants dans cette foi. Pilecki s’inspira donc de Christ et aussi des livres de Thomas A. Kempis.
Pendant toute sa vie, il aura été impliqués dans des guerres, guérillas et résistance, à l’exemple de son père. Il pratique du sport en permanence pour entretenir une forme athlétique.
Sa formation et son parcours sont impressionnants:
- Scout pendant sa jeunesse (ZHP)
- Pendant la 1ère guerre mondiale:
- Milicien d’auto-défense ZHP lituanienne et biélorusse avec une formation paramilitaire
- Entrée dans la guérilla congre les soviétiques.
- Cavalier volontaire pendant la guerre russo-polonaise.
- Soldat dans le 221ème régiment pendant la guerre de la Pologne contre la Lituanie en 1920. Il recevra deux fois la Croix de la Valeur pour ses actes de bravoures.
- Démobilisé à la fin de la guerre opposant la Pologne à l’URSS, il est promu Caporal dans les réserves de l’armée.
- En parallèle de ses études aux Beaux-Arts et d’agriculture, il est instructeur militaire. Il obtient un diplôme d’officier à l’école de formation des officiers de la réserve de cavalerie à Grudziądz. En juillet 1925, il est affecté au 26e régiment de lanciers avec le grade d’enseigne et promu sous-lieutenant l’année suivante.
- Il se marie et avec ses deux enfants, ils s’installent à Sukurcze où Pilecki a un rôle important au sein de la communauté, notamment dans le domaine agricole où il a des idées novatrices. Il créé en parallèle une unité de pompiers, de réservistes, une coopérative agricole. Plus tard, on dira de lui qu’il était à la fois militaire et activiste social. Sa famille le surnomme affectueusement «le fantôme» car il prend un malin plaisir à arriver sans faire de bruit pour les surprendre.
- En 1932, il fonde une école de cavalerie qu’il commandera plus tard jusqu’en 1937. L’école fut intégrée à la 19éme division d’infanterie polonaise. En 1938, il reçoit la Croix du Mérite en argent pour le récompenser pour tout son travail communautaire et social.
- Pendant la 2ème guerre mondiale:
- Le 26 août 1939, Pilecki est mobilisé pour devenir commandant de peloton de cavalerie et affecté à la 19éme division d’infanterie du général Józef Kwaciszewski et intégré plus tard à la 41éme division d’infanterie en tant que commandant en second sous les ordres du major Jan Włodarkiewicz .
- Suite au pacte germano-soviétique, l’Union Soviétique envahit l’Est de la Pologne le 17 septembre 1939. La Pologne se rend au Troisième Reich le 27 septembre. Mais Pilecki et plusieurs de ses hommes continuent à se battre pendant un temps avant la dissolution de leur division en octobre. Pilecki va donc se cacher et fonder le mois suivant, avec son commandant, le major Włodarkiewicz, la Tajna Armia Polska (« l’armée secrète polonaise », TAP). Pilecki commande cette première unité clandestine et organise un réseau qui s’étend dans plusieurs grandes villes du centre de la Pologne qui comptera, l’année suivante, plus de 8’000 hommes, 20 mitrailleuses et plusieurs fusils antichars. La TAP sera fusionnée ultérieurement à l’« l’union pour la lutte armée » (ZWZ) pour devenir l’« armée de l’Intérieur » (AK). L’AK se spécialise en sabotage sur le Front de l’Est à l’extérieur des frontières polonaises. Pilecki occupe des postes divers en guise de couverture de ses activités clandestines.
Infiltrer Auschwitz
Le projet
La résistance polonaise a créé, non seulement un réseau pour se battre contre les nazis, mais toute une infrastructure pour s’infiltrer dans toutes les structures civiles de la société. Le but était de s’organiser «en sous-marin» de manière opérationnelle pour contrecarrer efficacement les actions de l’occupant.
Le 14 juin 1940, les prisonniers de guerre polonais qui étaient jusque là enfermés à Varsovie, sont transférés secrètement par les nazis au camp d’Auschwitz.
Auschwitz est le nom allemand de la ville d’Oświęcim qui se trouve sur un territoire polonais annexé par l’Allemagne. Tout ce que l’on sait à l’époque, c’est que les allemands ont construit ce camp, sauf qu’il est immense. Qu’est-ce que cela cache? Pourquoi y avoir transféré autant de prisonniers?
Pilecki soumet donc à ses supérieurs l’idée de pénétrer volontairement dans ce camp pour savoir ce qui s’y trame et pour mettre en place une résistance de l’intérieur. Sa hiérarchie lui donne le feu vert: la formation, les capacités étonnantes de Witold, tout semble l’avoir préparé pour cette mission. Il était connu pour avoir un don pour anticiper les plans de l’ennemi. Il savait «sentir» les gens, une qualité importante lorsqu’il faut choisir des gens fiables à intégrer à un réseau clandestin.
Début de mission
C’est sous le nom de « Tomasz Serafiński », une fausse identité, que sa mission va commencer.
L’historien polonais Jacek Pawlowicz soulignera plus tard sa ferveur catholique : « Il croyait fermement que Dieu allait le guider pour accomplir sa mission. »
Il en aura besoin car ce qui l’attend dépasse un camp de prisonniers classique…
Pilecki se laisse donc «capturer» dans les rues de Varsovie le 19 septembre 1940 par les Allemands lors d’une rafle (Łapanka) de 2’000 civils. Ces derniers subissent deux jours de tortures dans une caserne de la Wehrmacht. Ceux qui y survivent sont envoyés à Auschwitz en train dans un fourgon à bestiaux où des prisonniers meurent, étouffés à cause du manque d’air. Lorsque les portes du wagon s’ouvrent, Pilecki comprend de suite qu’il est arrivé en enfer.
Une première question des nazis fuse: quel est ton métier? La réponse détermine si vous êtes tués ou laissés en vie. Prêtre? Tué. Enseignant? Tué. Les ouvriers sont battus puis internés. Pilecki sait qu’en tant qu’officier, il serait tué. Alors il s’invente vite un métier pour survivre.
Tout est conçu pour briser la force mentale des détenus. Toute leur vie passée a littéralement disparue devant cet antre de l’enfer où l’on était simplement traité comme un objet portant un numéro. L’identité, l’humain, n’existe plus. Le numéro de Pilecki sera 4859, mis dans la catégorie des prisonniers politiques. Mais pour la photo, il refuse de serrer le numéro, qui avait été remis sur un bout de papier, entre ses dents et le garde dans sa main. Pour ce «crime», il reçoit un coup de matraque en plein visage et perd deux dents.
Le responsable du camp reçoit les nouveaux arrivants par un discours qui leur annonce leur ce à quoi on les destine:
«Vous êtes dans un camp de concentration. Les juifs auront le droit de vivre 14 jours, les prêtres, un mois, et les autres, trois mois».
Un discours qui aurait pu ôter tout espoir de faire quoique ce soit. Mais Pilecki ne perd pas de temps, vu que déjà ce temps est compté!
Le rituel des clandestins
Witold va connaître le rituel des prisonniers : ils sont réveillés au son d’une cloche à 5h45 du matin et doivent parfaitement s’aligner dehors, quelle que soit la température, pour l’appel. Une défaillance, un mauvais alignement et ils subissent la foudre des soldats, mais aussi des «Capos», des prisonniers de droit communs allemands désignés pour les encadrer et qui ont le droit de les tuer. Oui, le droit de tuer ceux qu’ils jugent «inutiles»: les faibles, ceux qui semblent ne pas les aimer ou qui ne travaillent pas assez vite. Certains capos sont réputés pour leur cruauté.
Pilecki est affecté au départ au groupe qui agrandit le camp en construisant de nouveaux bâtiments ou étages. Les sacs de ciment pèsent 50 kilos et doivent être portés sur le dos. Si le porteur tombe à terre, les SS se charge de lui régler son compte à coups de fusil. Le seul moment de repos qu’avaient les prisonniers, était malheureusement celui où un des leurs était battu à mort.
Le soir, les allemands refont un appel, y compris ceux qui étaient décédés. Ils voulaient savoir combien il y avait eu depuis l’appel du matin. Les SS jugeaient que les capos avaient faits du bon travail s’ils revenaient avec des morts. Dans le cas contraire, c’était leur propre tête et leur fonction de capos étaient en jeu.
Ereintés, les prisonniers rejoignaient leur caserne où ils étaient entassés – environ 1’200 – vivants et agonisants ensemble, à même le sol, dans une hygiène déplorable. Des auges, servant de baignoires et des lavabos seront installés bien plus tard, ainsi que des lits superposés à trois niveaux.
La pitance est maigre: un demi litre de liquide indéfinissable qui est sensé être du thé ou du café le matin, du bouillon le midi, le soir, un tiers d’une miche de pain. Affamés et sous-alimentés, ce petit morceau de pain pouvait déclencher la mort: tout vol de pain se terminait par une mort donnée soit par les prisonniers, soit par les SS.
Dans un tel univers où, en plus, des maladies viennent assombrir ce tableau, toutes les valeurs sont sans dessus dessous: certains sombrent dans l’immoralité, alors que d’autres, au contraire, semblent s’illuminer. Il faut avoir une force intérieure et quelque chose à quoi se raccrocher pour tenir le coup.
Curieusement, on pouvait palper une union invisible entre les prisonniers: peut-être une rage qui les unissait.
Pilecki comprit qu’il fallait se focaliser sur sa mission et combattre pour arriver à survivre.
Mise en place du réseau clandestin
Bien qu’il soit mis au début dans les unités de travaux forcés, il s’active malgré tout pour mettre en place l’« union clandestine des organisations militaires » – ZOW à Auschwitz.
La mission: récupérer des informations sur les activités des Allemands, les transmettre à la résistance polonaise afin de préparer le combat contre les SS.
Il comprend que ce camp a été conçu pour utiliser une main d’œuvre réduite à l’état d’esclavage, pour faire des travaux forcés, que ce soit des constructions ou des objets pour le compte d’entreprises industrielles allemandes. Si la main d’œuvre meurt rien de plus simple: il suffit de la remplacer…. comme une simple pièce d’équipement. Les entreprises industrielles commencent à s’installer tout autour du camp.
Il écrira dans son rapport:
- «Il n’y a pas de mots pour exprimer ‘cette chose’. Je voulais utiliser le mot ‘bestialité’, mais non. L’homme est pire que les bêtes. Il les surpasse dans toute l’immensité de l’enfer. J’ai le droit d’écrire cela, après ce que j’ai vu et ce qui s’est passé à Auschwitz.
Alors, il comprit qu’il fallait absolument écrire ce qui se passait pour que le monde extérieur sache, mais, surtout, agisse:
- « Je suis supposé décrire seulement les faits bruts. Mes amis le souhaitent : « Plus tu t’en tiendras aux faits en les relatant sans commentaires, plus cela aura de la valeur. » Je pourrais essayer, mais n’oublions pas : nous n’étions pas faits de bois et encore moins de pierre. Et même n’a-t-il semblé que les pierres pouvaient se briser dans cet enfer. »
Se fiant à son instinct, il se met à rechercher des hommes sûrs pour créer son réseau d’infiltration. Il ne veut pas que transmettre des informations. Il réfléchit au moyen de libérer les prisonniers: peut-être organiser une mutinerie avec l’aide d’interventions extérieures? Chaque prise de contact avec une possible nouvelle recrue est un risque énorme pour Pilecki. Il prend un temps d’observation pour voir qui pourrait faire l’affaire sans mettre sa vie en péril. Son réseau prend forme: il créé des petits groupes de 5 hommes maximum pour éviter qu’un grand nombre de personnes soit mis en péril s’ils étaient découverts. Chaque membre doit recruter cinq autres personnes. Son réseau finit par s’infiltrer dans toutes les fonctions du camp. Ils visent ceux qui ont des responsabilités pour avoir accès à des ressources qu’ils pouvaient distribuer pour aider, notamment, les plus faibles. L’aide se présentait sous forme de ration supplémentaire, de laisser quelqu’un se reposer loin des regards dans une chambre. S’il ne peut pas aider les plus âgés, condamnés à mourir, il fait tout pour aider les plus jeunes. Ayant réussi à recruter un capo dans leur réseau, ils pouvaient ainsi transférer de jeunes prisonniers trop affaiblis vers un commando moins contraignant physiquement, le temps qu’ils puissent reprendre des forces. Ils avaient des membres qui avaient accès aux médicaments, à la nourriture et des vêtements.
La Gestapo enquête
Lorsque le réseau atteint une dizaine d’hommes, les nazis commencent à repérer la falsification des registres et sorties de ressources. Et puis, les détenus semblent survivre plus longtemps que prévu! La Gestapo est mise sur le coup pour enquêter. Ils installent une boîte aux lettres pour obtenir des informations de délations anonymes. Le réseau de Pilecki réussi à obtenir un double de la clé pour enlever ce qui pourrait être un danger pour eux et jugent en interne ceux qui ont trop parlé ou qui sont une menace. Ces jugements ne sont pas faits à la légère et sont donnés après avoir obtenus des preuves irréfutables. Mais ils ne peuvent pas impunément exécuter des personnes. Alors ils rusent: en pleine épidémie de typhus, les membres du réseau répandent des poux infectés sur ceux qui sèment le trouble pour leur inoculer la maladie. Envoyés à l’hôpital, ils dépendaient ensuite des soins, ou manque de soin d’un médecin complice… La Gestapo ne se doutait pas de ce stratagème.
Le bloc 11
Un bloc, celui portant le numéro 11, était connu pour être géré par «Le Boucher», un nazi qui se vantait d’avoir tué 25’000 prisonniers de sa main. Ceux qui passent prés de la bâtisse peuvent sentir une odeur particulière. On voit du sang sortir de la bâtisse et couler le long des rigoles. Des cadavres de prisonniers exécutés sont quotidiennement chargés sur des charrettes pour être brûlés aux fours crématoires.
C’est le genre d’information que les membres du réseau doivent récolter. Il faut que le monde sache.
Communiquer au monde libre
En 1940, Pilecki réussi tout juste à survivre à une pneumonie aiguë et échappe à la punition de la « responsabilité collective » . Son réseau forme des personnes capables de prendre en charge le camp dans le cas où les Alliés larguent des armes sur le camp.
Il a eu assez de remontée d’informations par son réseau pour faire son premier rapport. Mais comment communiquer avec l’extérieur?
Pilecki a une idée: un prisonnier appartenant à une famille influente, est sur le point d’être libéré. Il lui fait apprendre par cœur les pages du rapport pour qu’il le répète aux oreilles de la résistance de Varsovie avant que cette dernière le fasse parvenir au gouvernement polonais en exil à Londres. Ce sera le premier rapport en novembre 1941. Pilecki en profite pour faire une demande aux Alliés : celui de bombarder les infrastructures du camp. Seulement les Alliés n’en ont pas encore les moyens et ils ne veulent pas prendre le risque de tuer des prisonniers dans le bombardement. Pilecki se doutait que cette demande pouvait susciter des objections. Il avait mis à la fin de son rapport que si on mettait fin à Auschwitz, les vies sacrifiées ne l’auraient pas été en vain. Seulement cela ne suffira pas pour les convaincre: il apprendra leurs objections bien plus tard.
Les premières exterminations de masse
En 1941, les nazis décident de changer leur méthode d’exécutions, surtout qu’un grand nombre de prisonniers soviétiques vient d’arriver. Ils veulent éviter qu’il y ait un contact entre celui qui fait la mise à mort et les victimes.
Le 3 septembre 1941, Witold apprend que 360 officiers soviétiques et 250 prisonniers polonais viennent d’être envoyés au bloc 11. Personne ne sort vivant de ce bloc. Surtout que les nazis ont mis au point un nouveau moyen d’exterminer un groupe: injecter du gaz mortel par les fenêtres. Cette première utilisation test du gaz Zyklon B leur a permis de faire la mise au point des doses. Au mois de novembre, on voit une centaine d’hommes soviétiques nus être amenés aux fours crématoires. Pilecki pense naïvement au début qu’ils allaient recevoir des vêtements. Mais non. Les nazis avaient jugés plus pratique d’amener leurs victimes et de les tuer sur leur lieu de crémation. Ce sont les premières pratiques d’extermination de masses.
En 1942, les allemands décident d’agrandir le camp en construisant Bikernau, quatre fois plus grand qu’Auschwitz, pour recevoir 125’000 prisonniers. 15’000 prisonniers soviétiques sont amenés pour aménager ce camp. Mais au lieu d’être un simple stalag – un camp pour prisonniers de guerre – selon les intentions d’origine, il devient, en mai 1942, un camp d’exterminations.
Cette mort «industrielle» fera 900’000 victimes juives.
Pilecki réalise toute l’horreur de ce que l’on appellera «la solution finale». Un de leur membre qui y est interné et des prisonniers qui ont réussi à s’évader, arrivent à donner des informations : Birkernau n’est qu’un grand abattoir où les trains acheminent surtout des femmes, des enfants et même des petits encore dans leur berceau. La vie s’arrête là. On leur faisait croire qu’ils allaient prendre une douche. Sauf qu’au lieu d’une eau bienfaisante, c’était du gaz qui en sortait.
La même année, Pilecki livre des informations précieuses sur l’extermination des Juifs dans les chambres à gaz et la construction de fours crématoires . Il donne avec précision le nombre d’arrivées et de morts dans le camp et des détails sur les conditions de détention des détenus à l’aide d’un émetteur radio construit par les détenus du camp. Cet émetteur prend sept mois à être créé avec des pièces de contrebande et s’arrêtera en automne 1942, le risque de se faire repérer étant devenu trop grand pour continuer de l’utiliser.
Le réseau de Pilecki comptera environ 1’000 hommes dans le camp. La Gestapo, qui continue d’enquêter, arrive à tuer plusieurs membres sans mettre à découvert tout le réseau.
Deuxième rapport de Pilecki
Malgré un deuxième rapport tout aussi détaillé que le premier sur la situation du camp, les demandes du réseau AK d’obtenir l’aide des Alliés pour attaquer le camp ou du moins obtenir une aide aérienne sont rejetées.
Beaucoup jugent les chiffres et informations exagérés.
En mars 1943, il estime, en effet, le nombre de personnes gazées à 1,5 million de personnes mortes à Auschwitz.
Pilecki sera le premier à en informer le monde extérieur.
Le gouvernement polonais à Londres publiera une petite brochure pour alerter, à leur tour. Les prisonniers d’Auschwitz en ont vent et reprennent espoir, pensant que le monde occidental va réagir. Pilecki attend cette étincelle venant de l’extérieur, car, pour lui, son groupe peut prendre le contrôle du camp de l’intérieur n’importe quand: ils sont prêts mais pas sans une aide extérieure. Seulement le monde libre reste silencieux. Rien.
Le projet d’évasion
Puisque rien ne bouge, Pilecki envisage une autre possibilité: celle de s’évader pour convaincre, en personne, la résistance polonaise d’agir. Seulement les évasions réussies sont rares: une douzaine sur 170 en 1942.
En 1943, la SS décide d’exécuter les prisonniers les plus anciens . Pilecki aurait dû en faire parti, mais, grâce à son réseau, arrive à échapper à ces exécutions.
Il devient urgent d’agir. Cependant, la foi de Pilecki le fléchit pas: avec deux autres prisonniers, ils réussissent à se faire transférer à un atelier de boulangerie pour faire les pains des prisonniers. Les conditions sont parfaites : la boulangerie du camp est située à l’extérieur de la clôture. Un grand nombre de SS sont en congés pour le weekend de Pâques. Le 26 avril 1943 après 947 jours de détention – pendant la nuit de Pâques – ils passent à l’action.
Après avoir maîtrisé un garde et coupé la ligne téléphonique, ils s’enfuient en prenant avec eux des documents volés aux Allemands. Heureusement, suite à un accord avec la Croix-Rouge en 1943, les allemands n’appliqueront pas la règle de la « responsabilité collective » : il n’y aura pas de représailles contre les prisonniers restés.
Ce que Pilecki lègue à la postérité
Les rapports de Pilecki seront mis de côté pendant plusieurs années avant d’être traduits et édités .
En effet, son histoire et actes de bravoures seront cachés jusqu’en 1989 par le régime communiste en Pologne .
Witold Pilecki sera par la suite considéré comme « l’un des plus grands héros de la guerre ».
Selon la Bible
Pilecki a montré, par bien des égards, qu’il était un homme ayant un sens aiguisé du devoir avec sa bravoure et sa fidélité. Il a fait le choix extrêmement difficile et dangereux de se porter volontaire pour Auschwitz, ne sachant pas quels traitements étaient infligés et s’il allait s’en sortir vivant. Il devait laisser derrière lui une femme et deux enfants dont le plus âgé n’avait que 7 ans. Son attachement pour son pays – son devoir patriotique – a dû prendre le dessus sur ses devoirs familiaux.
Il a non seulement bravé des dangers en tant que résistant et soldat, mais il a refusé de dénoncer des complices sous la torture.
Un de ses amis rapportera une de ses citations:
- «Si tu ne peux pas aller jusqu’au bout de ce que tu entreprends, mieux vaut, alors, ne pas commencer.»
Son entourage témoigne, encore aujourd’hui, de sa foi qui était importante et à quel point il croyant dans la force de la prière. Il ne faisait aucun doute pour lui que Dieu, allait le guider dans cette mission dangereuse.
Ses dernières paroles lors de son procès montrent quelle ligne de conduite il s’était fixée: celle de vivre selon sa conscience, sachant que celle-ci allait lui procurer une joie bien plus importante que les choses de ce monde.
Pilecki, à la fin de son procès, a déclaré:
- «j’ai essayé de vivre ma vie de telle sorte qu’à l’heure de ma mort, je préfère ressentir de la joie que de la peur .»
Il a voulu vivre en se focalisant sur ce qui pouvait apporter la joie : la conscience d’avoir fait ce qui était juste pour les siens, ses compatriotes. Il dira, pendant son procès n’avoir enfreint aucune loi.
Marc 8 versets 35-37.
- Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.
Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme?
Que donnerait un homme en échange de son âme?
Pilecki l’a certainement compris: a quoi bon vivre une vie «quelconque» ou pour des richesses de ce monde si c’est pour perdre son âme?
On sait que Pilecki a été influencé par les écrits de Thomas A. Kempis.
Justement, une de ses citations ressemble à la détermination qui a marquée toute la vie de Pilecki, surtout lorsqu’il a dû prendre la décision de s’infiltrer dans le camp d’Austwitchz:
- «Si vous aviez en vous assez d’innocence et de pureté, vous verriez tout sans obstacle. Un cœur pur pénètre le ciel et l’enfer. Chacun juge des choses du dehors selon ce qu’il est au-dedans de lui-même. S’il est quelque joie dans le monde, le cœur pur la possède. Et s’il y a des angoisses et des tribulations, avant tout elles sont connues de la mauvaise conscience. Comme le fer mis au feu perd sa rouille et devient tout étincelant, ainsi celui qui se donne sans réserve à Dieu se dépouille de sa langueur et se change en un homme nouveau.» (1)
Et aussi:
- «La multitude des paroles ne rassasie point l’âme; mais une vie sainte et une conscience pure donnent le repos du cœur et une grande confiance près de Dieu.» (2)
- «Ayez la conscience pure, et Dieu prendra votre défense (…), ayez la conscience pure, et vous posséderez toujours la joie.» (2).
La détermination de Pilecki exigeait un cœur non empreint de sentiment de culpabilité et d’être au clair sur les objectifs qu’il voulait atteindre.
Que faut-il retenir ?
Il est possible que Witold ait lu et faits siens ces paroles:
Matthieu 19:29
- Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle.
Tenant fermement à sa foi, Pilecki a bravé les dangers, croyant fermement que Dieu allait le guider pour accomplir sa mission.
Il a été le premier à dévoiler ce qui se passait à Auchswitz. Seulement, personne «à l’extérieur» ne voulu faire quoique ce soit. Il réussit à mettre en place un réseau interne qui aida bien des prisonniers à survivre.
C’est un homme qui a vécu selon sa conscience et qui a sacrifié beaucoup de choses, sa femme, ses deux enfants pour en sauver plus.
Vivez-vous selon votre conscience ?
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Plus de détails et les sources sont données dans la section ci-dessous « En savoir plus… ».
Les références
‘(1) L’imitation de notre Seigneur Jésus Christ, trad. de F. de Lamennais, Éd. Arts et Métiers graphiques, Paris, 1946, p. 59-60, II, 4, 1-2 (partie II, chapitre 4, paragraphes 2).
- Imitation de Jésus Christ de Thomas A. Kempis.
La vie de Witold Pilecki
Sa jeunesse
Witold Pilecki est né le 13 mai 1901 à Olonets, au bord du lac Ladoga en Russie. Sa famille est issue de l’aristocratie polonaise. Son père, Józef Pilecki h. Leliwa est un nationaliste et partisan de l’insurrection de janvier 1863, un mouvement sécessionniste. En guise de répression, le gouvernement tsariste russe révoque ses titres et confisque ses biens. On le condamne à un exil de sept ans en Sibérie. Au bout de sa peine, sa famille est contrainte de s’installer dans le territoire de Carélie avec l’injonction d’y rester pendant 30 ans.
Le père devient donc forestier à Saint-Pétersbourg puis inspecteur en chef en Carélie. Il choisit de ‘installer à Olonets où il épouse Ludwika Pilecki, née Osiecimska. Ce couple aura cinq enfants dont Witold. En 1910, la famille s’installe dans le kraï du territoire du Nord-Ouest puis à Wilno (aujourd’hui Vilnius en Lituanie), de culture polonaise.
Pilecki devient scout (qui s’appelle ZHP) après l’école primaire – ce qui est une activité clandestine interdite par la russie car elle soutient l’armée polonaise.
Pilecki a donc grandi dans une famille de résistants mais aussi où la foi avait une grande importance. Ils allaient à l’église et n’ont pas manqué d’éduquer leurs enfants dans cette foi. Pilecki s’inspira donc de Christ et aussi des livres de Thomas A. Kempis.
1ère guerre mondiale
La ville de Wilno tombe sous l’occupation allemande le 5 septembre 1915 lors de la Première Guerre Mondiale. La famille fuit à Mahiliow en Biélorussie, puis, en 1916, Pilecki s’installe à la ville russe d’Orel et créé un chapitre local du ZHP (scoutisme).
En 1918, la famille retourne à Wilno qui fait désormais partie d’une Deuxième République polonaise et indépendante et rejoint une milice d’auto-défense ZHP lituanienne et biélorusse. Cela lui donne une formation paramilitaire. Sa milice désarme les troupes allemandes en retraite et se met en place pour défendre la ville contre une attaque de l’Armée rouge. Malgré cela, Wilno est prise le 5 janvier 1919 par les Bolchevikis. L’unité de Pilecki entre en guérilla derrière les lignes soviétiques. Ils se retirent à Bialystock et Pilecki devient soldat volontaire dans l’armée nouvellement créée en Pologne.
Guerre russo-polonaise
Il participe à la guerre entre l’URSS et la Pologne de 1919 – 1921 et combat à Kiev dans une cavalerie défendant la ville de Hrodna.
Il rejoint le 221ème régiment de Uhlans pour combattre à Varsovie et dans la forêt de Rudniki, puis, plus tard à la libération de Wilno dans la guerre entre la Pologne et la Lituanie en octobre 1920. Il reçoit pour cela, deux fois la Croix de la Valeur pour ses actes de bravoures.
Etudes et vie familiale
En mars 1921, lorsque la guerre entre la Pologne et l’URSS est terminée, il est démobilisé et transféré dans les réserves de l’armée où il est promu caporal. Après avoir terminé ses études secondaires, il va peu de temps à l’université Adam-Mickiewicz de Poznań où il étudie l’agriculture.
Il revient à Wilno pour s’inscrire à la faculté des beaux-arts de l’université.
Malheureusement, il doit abandonner ses études en 1924 car la santé de son père se dégrade affectant aussi les finances de la famille. Il reste malgré tout actif dans l’armée en étant instructeur militaire à Nowe Święcice.
Il obtient un diplôme d’officier à l’école de formation des officiers de la réserve de cavalerie à Grudziądz . En juillet 1925, il est affecté au 26e régiment de lanciers avec le grade d’enseigne et promu sous-lieutenant l’année suivante.
Pilecki devient propriétaire du domaine ancestral – Sukurcze, situé aujourd’hui en Biélorussie qui avait été détruit pendant la Première Guerre mondiale. Il le reconstruit et le modernise. Le 7 avril 1931, il se marrie avec Maria Pilecka née Ostrowska (1906-2002), une institutrice. Ils ont deux enfants nés à Wilno : Andrzej (né en 1932) et Zofia (née en 1933). Ils s’installent à Sukurcze où Pilecki est très actif. Il est connu pour avoir un rôle important au sein de la communauté : il se bat pour promouvoir le développement rural en créant une coopérative agricole. Il dirige aussi la brigade des pompiers et préside dans une usine agroalimentaire locale de traitement du lait. En plus, il est un travailleur social et peintre amateur. Bref, plus qu’actif!
En 1932, il fonde une école de cavalerie à Lida et en devient, un peu plus tard, son commandant jusqu’en 1937. L’école fut intégrée à la 19éme division d’infanterie polonaise. En 1938, il reçoit la Croix du Mérite en argent pour le récompenser pour tout son travail communautaire et social.
La 2ème guerre mondiale
Le 26 août 1939, Pilecki est mobilisé sous le grade de commandant de peloton de cavalerie et affecté à la 19éme division d’infanterie du général Józef Kwaciszewski. Son unité se bat contre la Wehrmacht lors de la campagne de Pologne et en ressort presque complètement décimée. Il est intégré à la 41éme division d’infanterie en tant que commandant en second sous les ordres du major Jan Włodarkiewicz . Son unité détruit sept chars allemands, abat un avion et en détruit deux autres au sol.
Suite au pacte germano-soviétique, l’Union Soviétique envahit l’Est de la Pologne le 17 septembre 1939. La Pologne se rend au Troisième Reich le 27 septembre.
Mais Pilecki et plusieurs de ses hommes continuent à se battre pendant un temps avant la dissolution de sa division le 17 en octobre avec une partie qui se rend aux allemands. Les occupants ont lancé des rafles contre toute l’élite de la société: les dirigeants, les responsables de l’armée avec ses officiers, les cadres, les professeurs d’universités… Ils veulent détruire tout ce qui peut faire une nation.
Pilecki va donc se cacher à Varsovie avec son commandant, le major Włodarkiewicz et fondent ensemble, le 9 novembre la Tajna Armia Polska (« l’armée secrète polonaise », TAP) qui est une des premières organisations clandestines sous l’occupation. Pilecki devient commandant de cette unité et organise un réseau clandestin qui s’étend dans plusieurs grandes villes du centre de la Pologne. L’année suivante, son réseau compte environ 8’000 hommes, 20 mitrailleuses et plusieurs fusils antichars. Ils auront jusqu’à 15’000 hommes. Mais pour cacher ses activités, Pilecki travaille officiellement en tant que gérant d’un magasin de cosmétiques.
Plus tard, la TAP est fusionnée à l’« l’union pour la lutte armée » (ZWZ), et sera nommée « armée de l’Intérieur » (AK) ultérieurement.
L’AK se spécialise en sabotage sur le Front de l’Est à l’extérieur des frontières polonaises.
Après son évasion, Pilecki, fugitif, entre en contact avec des unités de l’Armia Krajowa (AK). Le 25 août 1943, il va à Varsovie et se retrouve dans la section consacrée au renseignement et au contre-espionnage du quartier général régional de l’Armia Krajowa.
Le 11 novembre 1943, Pilecki est promu capitaine de cavalerie et rejoint le NIE, une organisation anticommuniste secrète, pour se préparer à la résistance contre une éventuelle occupation soviétique .
Dès que l’insurrection de Varsovie débute le 1er août 1944, Pilecki se porte volontaire pour servir dans le bataillon Chrobry II en tant que simple soldat sans indiquer son véritable rang à ses supérieurs. Il révèlera son identité à ses supérieurs plus tard après une hécatombe des officiers au combat et accepte le commandement de la 1ère compagnie Warszawianka à Varsovie. Son nom de guerre est « capitaine Roman ».
Le soulèvement finit par une capitulation. Pilecki cache ses armes dans un appartement privé et se rend à la Wehrmacht le 5 octobre 1944 qui l’envoie à la prison du Stalag VIII-B, près de l’actuelle Łambinowice en Silésie. On le transfère ensuite à l’Oflag VII-A Murnau à Murnau am Staffelsee en Bavière. Il sera libéré le 28 avril 1945 par les troupes de la 12ème division blindée américaine.
En juillet 1945, il part et se retrouve affecté à la division du renseignement militaire du Deuxième corps polonais sous le commandement du général Władysław Anders à Ancône en Italie.
C’est à ce moment-là que Pilecki commence à rédiger une monographie sur ses expériences à Auschwitz .
Rapport sur la situation militaire et politique sous occupation soviétique
En octobre 1945, Pilecki reçoit l’ordre de retourner en Pologne et de faire rapport sur la situation militaire et politique sous l’occupation soviétique .
Pilecki met en place un réseau de collecte de renseignements comprenant plusieurs anciens d’Auschwitz et de la TAP . Il change souvent d’identité et de travail pour préserver sa couverture. Seulement le Ministère de la Sécurité publique (MBP) le découvre en juillet 1946 et lui somme de quitter le pays, ce qu’il refuse de faire. De plus, le gouvernement polonais, qui est en exil à Londres, donne l’ordre de cesser toutes actions clandestines de la résistance polonaise. Mais Pilecki refuse là encore de s’y soumettre.
En parallèle, il cumule des preuves sur les atrocités commises sous l’occupation Soviétique de 1939-1941, ainsi que celles sur des arrestations et poursuites illégales contre les opposants au régime qui ont abouties sur une exécution ou un emprisonnement.
Finalement, des agents du ministère de la Sécurité publique arrête Pilecki le 8 mai 1947. Il sera torturé à plusieurs reprises par des personnes connues pour leur sauvagerie. Pilecki , voulant protéger d’autres prisonniers ne révèlera aucune information sensible .
Son procès et mort
Le 3 mars 1948, pendant un semblant de procès, le futur Président du Conseil des ministres polonais Józef Cyrankiewicz, lui-même survivant d’Auschwitz, témoignera contre Pilecki. Il sera accusé, entre autres, d’espionnage pour le compte du général Władysław Anders et pour « l’impérialisme étranger » ainsi que d’avoir fait des projets d’assassinats sur plusieurs responsables du ministère de la Sécurité publique polonaise.
Pilecki affirme n’avoir transgressé aucune loi ni fait ce dont on lui reproche.
Mais rien n’y change: il est condamné à mort le 15 mai avec trois de ses camarades en tant qu’ «ennemi du peuple». Il sera exécuté d’une balle dans la nuque le 25 mai 1948 dans la prison de Mokotów à Varsovie.
Il déclare après l’annonce de la sentence « j’ai essayé de vivre ma vie de telle sorte qu’à l’heure de ma mort, je préfère ressentir de la joie que de la peur » et ses derniers mots avant son exécution sont « vive la Pologne libre ».
Le lieu d’inhumation de Pilecki n’a jamais été retrouvé, mais on soupçonne qu’il a été enterré dans le cimetière de Powązki à Varsovie, même si, en 2012, le cimetière fut partiellement fouillé dans le but de retrouver ses restes, mais sans succès.
Le domaine familial de Sukurcze
Les autorités biélorusse s’en prirent à son domaine de Sukurcze et le détruisi avec la place qui l’entoure en 1992. Ils firent même défricher les arbres et comblèrent les étangs, le lac et sa source avec du sable. Les vestiges du village de Sukurcze furent aussi détruits, allant jusqu’à profaner les tombes familiales pensant y trouver de l’or.
Révision du procès
En 1990, La cour suprême militaire reconnait le caractère abusif des condamnations qui avaient été prononcées en violation de la loi et des règles internationales pendant les procès du groupe de Pilecki. Tous les condamnés du procès sont réhabilités après la chute du communisme, le 1er octobre 1990 .
Pilecki est décoré à titre posthume de l’ordre Polonia Restituta en 1995. Il recevra aussi l’ordre de l’Aigle blanc en 2006, la plus haute décoration polonaise, par le président polonais Lech Kaczyński, lors de la célébration du 62ème anniversaire de l’insurrection de Varsovie .
En 2003, des personnes qui étaient impliquées dans le procès de Pilecki seront inculpées de complicité de meurtre pour avoir condamné à mort Pilecki.
Les historiens pensent que le procès et l’exécution de Pilecki ont faits partie d’une campagne de répressions les plus sévères qu’il y ait eues contre d’anciens membres de l’AK et personnes liées au gouvernement polonais en exil à Londres.
Il reçoit le rang de Colonel par le ministre polonais de la Défense nationale Tomasz Siemoniak en septembre 2013.
Erigés en sa mémoire
Après la chute du communisme en Pologne, une pierre tombale symbolique est érigée en sa mémoire au cimetière militaire de Powązki.
Plusieurs films et documentaires se basent sur l’histoire de Pilecki :
- Śmierć rotmistrza Pileckiego (2016) et Pilecki (2015)
- Against the Odds (2004)
- Heroes of War: Poland (2014) .
- Un certain nombre de livres sont écrits à son sujet et ses rapports de 1945 sur sa mission d’infiltration à Auschwitz sont publiés en anglais en 2012 sous le titre The Auschwitz Volunteer: Beyond Bravery. Le New York Times qualifie le document historique comme étant « de la plus haute importance » .
- En 2019, Gaétan Nocq publie une bande dessinée sur le rôle de Witold Pilecki : Le rapport W, infiltré à Auschwitz (éd. Daniel Maghen) .
- Documentaire «Infiltré à Auswitchz» – Sélectionné au Festival international du film d’histoire de Pessac Ecrit et réalisé par Ted Anspach et Maya-Anaïs Yataghène Produit par Simone Harari Baulieu et Ted Anspach – LCP 2020
Plusieurs monuments et rues sont consacrées à Witold Pilecki, notamment à Varsovie. Le groupe suédois de power metal Sabaton lui consacre la chanson Inmate 4859 sur l’album Heroes (2014).
Sources externes
Livres:
En Français
- Lecatalog (.com) – Monographie de Witold Pilecki.
Articles :
En Français
- Wikipédia (.fr) – Witold Pilecki
- VanityFair (.fr) – Histoire : Witold Pilecki, ce héros polonais qui a infiltré le camp d’Auschwitz
En anglais
- Theatlantic (.com)- The Man Who Volunteered for Auschwitz.
- Catholicmessenger (.net) – Catholic Witold Pilecki: volunteer for Auschwitz
Vidéos à rechercher :
En Français
- YouTube – LCP – Infiltré à Auschwitz | Documentaire LCP
Copyright
- Louis Segond (LSG) by Public Domainsauf si spécifié autrement.
- Image mise en avant : image modifiée de deux images : Witold Pilecki modifiée. Source par Auteur inconnu — Warsaw Mokotow prison, Domaine public, Lien: https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4111897– image d’Auswitchz : Par Michel Zacharz AKA Grippenn[1] — Travail personnel, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1083901.
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