Les réfugiés du paquebot St-Louis en 1939
Les réfugiés du paquebot St-Louis en 1939
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(vidéo sous-titrée en français)
Gemmes
Un paquebot en 1939 eut une histoire particulière: il erra plusieurs semaines en Atlantique, ne trouvant personne pouvant accueillir ses réfugiés.
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L’histoire
Cela peut surprendre, mais en plein milieu de la 2ème guerre mondiale, la compagnie maritime allemande «Hamburg-Amerika» continuait à transiter des émigrés d’Europe vers l’Amérique de manière régulière.
Le 13 mai 1939, son bateau S.S. St-Louis, voit monter à son bord 963 passagers Juifs allemands pour une destination qui n’est pas habituelle: Cuba. Femmes, enfants, personnes âgées, ils ont tout laissé derrière eux et ont pour seul bien précieux un certificat de débarquement que les services d’immigration cubains leur ont fourni. Après la fameuse Nuit de cristal, en 1938, cette voie de sortie est un espoir inestimable pour la communauté juive en Europe.
Le bateau part… En route pour une nouvelle destinée… Le 23 mai, ils arrivent à proximité des côtes cubaines pour apprendre une terrible nouvelle: le président Cubain a changé d’avis. Ils sont déclarés «persona non grata».
Le S.S. St-Louis doit quitter le port cubain au plus vite alors que les Juifs déjà présents dans ce pays, se réjouissant de leur arrivée, avaient affrétés de petits bateaux pour venir les saluer. Mais personne ne doit descendre du bateau et personne ne doit venir les accoster.
C’est la panique…
Pourquoi ce revirement?
En 1939, le gouvernement cubain avait fait un décret (numéro 55) pour définir les conditions d’accès au territoire cubain entre touristes et réfugiés. Ces derniers doivent demander un visa et payer 500 dollars pour prouver qu’ils ont les moyens de subvenir à leurs besoins. Mais le décret n’est pas clair sur la définition entre un touriste et un réfugié. C’est ce qui a amené le directeur de l’immigration cubaine, Manuel Benitez, de délivrer des permis touristiques – moins chers mais pas vraiment légaux. Et c’est ce certificat que les passagers du St-Louis ont obtenu. Mais le 5 mai, le président cubain Federico Laredo Brú et son cabinet découvrent cette faille et promulgue un autre décret (numéro 937) et accuse Benitez de trafic et de corruption.
Le capitaine consulte un petit groupe de juristes pour voir les possibilités. On contacte d’urgence Washington pour obtenir l’autorisation d’accoster en Floride. Mais silence radio côté américain: F.D. Roosevelt, ne donne aucun signe de vie. Pourtant Franklin D. Roosevelt avait exprimé sa volonté d’accueillir une partie des réfugiés lors de la Conférence d’Évian qui s’était tenue quelques mois auparavant. Mais l’histoire des réfugiés du St-Louis faisait polémique aux Etats-Unis: devant l’opposition assez houleuse du Secrétaire d’État Cordell Hull et des Démocrates des États du Sud, il renonça à porter secours.
Le bateau erre pendant trois semaines, ne sachant plus où aller…
Cuba, les Etats-Unis puis le Canada : aucune porte ne s’ouvre… ils sont refoulés.
Alors le capitaine du bateau prend une terrible décision: celle de revenir vers l’Europe, là où se trouve l’Allemagne hitlérienne.
Devant la gravité de cette situation, l’American Jewish Joint Distribution Committee (appelé “JDC”) se déméne pour trouver une autre solution. Une réunion secrète se tient le 5 juin 1939 à New-York : ils adressent un communiqué de presse pour exhorter le Président cubain à revenir sur sa décision, mais rien n’y fera.
Le JDC utilise leur réseau d’influences pour essayer de faire fléchir plusieurs pays pour les inciter à accueillir ces réfugiés : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique et la France. Mais ils n’obtiennent que des demi-mesures: ces pays n’accorderont que des visas de transit à condition que ces personnes trouvent refuge ailleurs et que le JDC contribue en versant un montant de cinq cent dollars par réfugié. Le calcul est simple: 907 demandeurs d’asile, il faut trouver 500’000 dollars.
Le bateau s’approche de l’Europe…
Une bonne nouvelle. Le samedi 10 juin, plusieurs pays acceptent enfin d’accueillir des réfugiés : la Belgique, 214 ; le Royaume-Uni, 288 ; les Pays-Bas, 181 et la France, 2246.
Enfin, le bateau accoste le 17 juin à Anvers pour laisser ses passagers être redirigés vers leur nouvelle destination.
Le 18 juin 1939, Gustav Schröder, le capitaine du S.S. St-Louis envoie de Paris une lettre à Morris Troper, le président de la branche européenne de la JDC, l’American Jewish Joint Distribution Committee pour le remercier d’avoir trouvé une solution.
Malheureusement, pour ceux qui ont été répartis entre la Belgique, la France et les Pays-Bas, ils finiront par être envoyés en camps de concentration, ces pays s’étant retrouvés sous occupation allemande. Seuls ceux qui ont été accueillis en Grande-Bretagne survivront, aidés par le JDC jusqu’en 1948.
Selon la Bible
Dieu nous encourage à aider ceux qui se trouvent dans la détresse et qui se réfugient dans d’autres pays.
Exode 22 verset 21.
- Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point; car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte.
Celui qui tend la main à l’autre est béni par Dieu:
Proverbes 13 verset 23.
- Le champ que défriche le pauvre donne une nourriture abondante, Mais tel périt par défaut de justice.
Proverbes 19 verset 17.
- Celui qui a pitié du pauvre prête à l’Éternel, Qui lui rendra selon son œuvre.
Que faut-il retenir ?
On aurait aimé que les réfugiés du Saint-Louis aient un meilleur destin après avoir trouvé refuge dans un pays. Le commandant du S.S. St-Louis, Gustav Schröder, sera reconnu en 1993, à titre posthume, Juste parmi les nations.
Tout au long de notre vie, nous faisons des rencontres et, des fois sans le réaliser, nous pouvons influencer leur destinée, que ce soit en bien ou en mal.
Le capitaine a tout fait pour trouver une solution pour ceux qu’il avait appelé dans sa lettre au JVC «Mes passagers». Mais nous formons tous une chaine dans la vie d’une personne. Si les pays d’Atlantique comme Cuba, les Etats-Unis et le Canada avaient ouvert leur porte, ils auraient tous survécu puisque aucun de ces pays a été envahis par le nazisme.
Ne commettons pas la même erreur: prenons la décision d’avoir toujours la main tendue quelle que soit la race, l’origine, la religion…
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Sources externes
Articles :
En Français
- France Culture (.fr) – Avant l’Aquarius, l’histoire du « S.S. St-Louis » ou un mois d’errance en mer pour fuir Hitler
- Wikipédia (.fr) – Saint Louis (paquebot)
- ushmm (.org) – Le destin des passagers du Saint-Louis
En anglais
- Wikipedia (.en) – MS St. Louis
Vidéos à rechercher :
En Français
- YouTube – Joseph Prince – Vivre sans stress
- YouTube – Bbcntf – Quand le Canada dit non : les juifs abandonnés du MS St. Louis (sous-titré en français)
En anglais
- YouTube – Bbcntf – Quand le Canada dit non : les juifs abandonnés du MS St. Louis (video in English)
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- Image mise en avant : File:StLouisPorthole.jpg – Wikimedia Commons- source: (https) collections.ushmm.org/search/catalog/pa26991 – Photograph Number: 76775 – User talk:Hannolans
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