La guerre des mondes selon Orson Welles : canular ou bien..?
La guerre des mondes selon Orson Welles : canular ou bien..?
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Gemmes
Un vent de panique aurait circulé dans la soirée du 30 octobre 1938, lors de la diffusion d’un récit basé sur le roman «La Guerre des mondes». Dès le lendemain, les journaux fustigèrent cette émission dirigée alors par Orson Welles – encore inconnu à l’époque- de «canular». Alors? Est-ce que c’était un canular, ancêtre d’un fake news, ou….?
Le contexte
Personne ne se doutait de l’impact qu’allait donner cette émission menée par Orson Welles ce jour-là.
C’était en 1938 et Orson Welles n’avait que 23 ans.
Ce dernier n’en était pas à sa première radiodiffusion. En effet, la radio CBS (Columbia Broadcasting System) laissait Orson Welles, alors un jeune espoir du théâtre mais encore inconnu du grand public, animer une émission hebdomadaire qui s’intitulait « The Mercury Theatre on the Air » (le théâtre Mercury sur les ondes). Comme son nom l’indique, c’est une jeune troupe de théâtre qui passe sur les ondes une adaptation des romans les plus connus : L’Île au trésor, Jane Eyre, Le Nommé Jeudi, Jules César, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, etc. Orson welles est en quelque sorte responsable d’animer la troupe.
Après avoir fait une série sur les grands classiques, il se décide alors de changer de sujet et de se tourner vers la science-fiction. Il envisage plusieurs romans mais retient celui de la «Guerre des mondes» de H. G. Wells. Peut-être parce que le nom de cet auteur était proche du sien : un signe de bonne augure?
Mais l’équipe et les scénaristes ne sont pas motivés par ce livre et les répétitions ne sont pas vraiment concluantes.
Alors Orson a une idée : pourquoi ne pas le présenter comme si cela arrivait «maintenant»? Avec l’accord de toute l’équipe, une nouvelle version est rédigée dans la nuit puis préenregistrée pour qu’elle soit diffusée le soir du 30 octobre 1938.
Tout semble normal sauf que… au lendemain de l’émission, la presse écrite relaie un vent de panique et de prétendues émeutes massives qui se seraient propagées à travers les États-Unis en réaction à la diffusion de cette émission.
L’émission
Quelle est donc le contenu de cette émission qui a suscité tant d’émois?
En fait, leur adaptation de «La Guerre des Mondes» a été annoncée comme un flash d’information qui «tombait» au moment de l’émission… Tout semblait réel pour un auditeur qui prenait l’émission en cours. Il ne faut pas non plus oublier que cette émission fut diffusée pendant que l’Europe commençait tout juste la 2ème guerre mondiale.
Pourtant, le synopsis de l’émission montre bien que le sujet portait sur le roman de H. G. wells «La Guerre des mondes».
L’introduction de l’émission était une paraphrase du roman d’origine. L’émission était, comme à son habitude, entrecoupée de pauses, mais celle du milieu prolongée pour donner un ton plus dramatique au récit.
Même Orson Welles conclut l’émission en disant :
- «C’est Orson Welles, mesdames et messieurs, qui sort de son personnage pour vous assurer que La Guerre des Mondes n’a d’autre signification que celle d’une offre de vacances pour laquelle il a été conçu. La version radiophonique du Mercury Theatre, qui consiste à s’habiller d’un drap, à sauter d’un buisson et à dire « Bouh ! ». Nous ne pouvions pas savonner toutes vos fenêtres et voler toutes vos portes de jardin d’ici demain soir… alors on a fait ce qu’il y avait de mieux à faire. Nous avons anéanti le monde sous vos yeux, et complètement détruit la CBS.
Vous serez soulagés, je l’espère, d’apprendre que nous ne le pensions pas, et que les deux institutions sont toujours ouvertes. Alors au revoir tout le monde, et souvenez-vous de la terrible leçon que vous avez apprise ce soir. Cet envahisseur globulaire, souriant et lumineux de votre salon est un habitant du champ de citrouilles, et si vous sonnez à votre porte et qu’il n’y a personne, ce n’était pas un Martien… … c’est Halloween.»
Et l’annonceur de conclure une dernière fois :
- «Ce soir, le Columbia Broadcasting System et ses stations affiliées d’un océan à l’autre vous présentent La Guerre des Mondes, de H. G. Wells.
Wells, le dix-septième épisode de sa série hebdomadaire d’émissions dramatiques mettant en vedette Orson Welles et le Mercury Theatre on the Air. La semaine prochaine, nous vous présenterons une mise en scène de trois nouvelles célèbres. C’est le Columbia Broadcasting System.»
Pour toute l’équipe d’Orson Welles, ce n’était qu’un épisode comme les autres!
Résumé de cette émission
Source : Wikipedia (lien cité dans la section «En savoir plus»).
Mais il est vrai que cette histoire était bien faite – vous pouvez lire ou écouter la bande d’origine (voir les liens dans la section «En savoir plus» en bas de l’article :
L’épisode s’ouvre, comme leurs émissions précédentes, sur un présentateur qui présente le début du roman «Guerre des mondes» suivi par un bulletin météorologique.
Mais tout d’un coup, le programme prend une autre tournure : le cours de l’émission semble être soudainement interrompu par un véritable bulletin d’information pour indiquer qu’il y a des explosions inhabituelles sur Mars. Puis un professeur du laboratoire de Chicago (Orson Welles) annonce la chute d’astéroïdes sur Terre. Un reporter semble être sur le terrain pour rapporter qu’il y a eut une chute d’astéroïdes dans une ferme de Grover’s Mill au New Jersey.
Les choses s’aggravent lorsque ce reporter décrit des créatures sortant d’un vaisseau extraterrestre et qui calcinent la police et les curieux venus voir le spectacle avec un rayon de chaleur… Est-ce vraiment un astéroïde qui est tombé? Il est tout lisse et emet un sifflement (on l’entend). Tout d’un coup, un être sort de cet objet : il est comme un robot. Des policiers hissent un drapeau blanc pour tenter un dialogue… Des explosions, puis… un silence de mort… Le son de la radio est coupé. Un appel téléphonique fait savoir qu’il y a eut 40 morts. Le brigadier chef Smith vient d’être nommé gouverneur militaire de l’état et fait un état des lieux avec son accent trainant (Orson Welles encore!).
Orson Welles modifie sa voix pour jouer plusieurs personnages, témoins de l’événement.
Un présentateur prend la parole pour annoncer que les extraterrestres ont finalement débarqué sur Terre. Le Secrétaire de l’Intérieur va prendre la parole depuis Washington. Ce dernier s’adresse à ses concitoyens pour leur annoncer la gravité de la situation et qui pèse sur l’humanité. Mais il fait appel au calme voulant rassurer tout le monde que l’invasion se limite qu’à une petite partie du territoire. Il demande aux gens de prier. Le New Jersey est désormais coupé du monde.
Du monde entier, les scientifiques proposent leur aide. Des fusées de ces extraterrestres auraient été vues en Virginie.
Un autre reporter en direct du toit d’une station de la radio CBS de Manhattan décrit des foules fuyant les nuages de fumée toxique qui se dégage de «machines de guerre» martiennes géantes et qui se mettent à tomber «comme des mouches» lorsque le gaz les atteint. Il décrit la scène d’horreur qui pousse les habitants à se jeter dans la rivière pour échapper à la mort.
Le correspondant se met à tousser puis… silence. Un radio amateur demande : «Y a-t-il quelqu’un sur l’antenne ? Il n’y a… personne ?». Silence. L’émission fait sa première pause trente minutes après l’introduction que Welles vient de faire. Elle a été prolongée par rapport à la normale pour augmenter le suspens.
La seconde moitié se présente comme une radio dramatique classique.
La dernière partie dure environ seize minutes et, conforme au roman original, se termine sur une révélation: les Martiens ont finalement été vaincus par des microbes plutôt que par la résistance des humains.
L’émission finit par une brève annonce de Welles, « qui sort de son personnage » : l’émission qui vient de se dérouler est comparable à l’idée de « s’habiller d’un drap, de sauter d’un buisson pour dire «bouh».
La réaction des auditeurs
Des émeutes, un vent de panique auraient soufflés après la diffusion de cette émission.
Orson Welles dira de cette nuit :
- «Quelle soirée. Après la diffusion, alors que j’essayais de retourner au St. Regis où nous vivions, j’ai été bloqué par une foule passionnée de journalistes à la recherche de sang, et la déception quand ils ont découvert que je ne faisais pas d’hémorragie. Peu de temps après le choc initial, la panique et l’indignation du public ont disparu. Mais, pendant des jours, les journaux ont continué à feindre la fureur.» (1)
C’est tout d’abord l’équipe du psychologue Hadley Cantril qui rend un rapport sur le phénomène. Il a étudié le nombre d’appels téléphoniques affolés, les plaintes contre cette émission et les témoignages de personnes qui affirment avoir ressenti des symptômes physiques à cause de l’invasion martienne.
Mais le sociologue Pierre Lagrance a fait toute une enquête : il pense que toute cette histoire de panique a été largement exagérée : il n’y a pas eu d’hystérie collective.
D’ailleurs, Robert E. Bartholomew, un sociologue a étudié le rapport de Cantril et a réalisé que ce dernier n’avait que 135 témoignages qui semblent avoir été soigneusement sélectionnés pour que cela colle à sa conclusion.
En fait, ce sont les grands journaux qui ont publiés des titres à l’exemple du :
New York Times : avec un édito intitulé «La terreur par la radio». Il reprocha à CBS d’avoir mêlé un faux flash d’information à de la fiction «à glacer le sang» comme s’il s’agissait de vraies informations.
L’Editor and Publisher : un magazine professionnel s’insurge et veut lancer une alerte : «la nation dans son ensemble fait toujours face au danger d’informations incomplètes et mal comprises sur un média qui doit encore faires ses preuves… quant à sa compétence à traiter l’information».
The Boston Daily Globe titre «Une émission de radio terrifie la nation».
Ce qui est «curieux», c’est que seuls les journalistes de la PRESSE ECRITE auraient vécus cette «panique». Le Daily News fit lui aussi un article à sensation quelques heures après l’émission bien que des témoins affirment que les rues étaient désertes à cette heure-là.
L’autre phénomène plutôt curieux qui s’est amplifié au fil du temps: celui du nombre de plus en plus croissant de gens qui auraient entendu cette fameuse émission au point que, plusieurs années après, on pourrait croire que la moitié des États-Unis était à l’écoute ce soir-là.
Mais tenons-nous en aux faits car des contradictions sont perceptibles. Tout d’abord, l’émission de Welles est passée un soir où il y avait peu d’auditeurs. Et sur les 5’000 foyers qui écoutaient habituellement dans cette tranche horaire, seuls 2% auraient écouté l’émission. Et selon ce qui a été vérifié, personne n’a pris ce récit au sérieux.
Le prologue de cette histoire, c’est que cette fausse rumeur aurait été lancée contre cette petite station de radio pour discréditer l’ensemble des chaînes radiophoniques, alors toutes récentes, qui commençaient à prendre de plus en plus d’ampleur face à la presse écrite.
En fait, ce serait plutôt les journalistes de la presse écrite qui auraient paniqué plutôt que les auditeurs!
Rencontre historique
- G. Wells et Orson Welles finirent par se rencontrer. Ils se virent la première fois à la fin du mois d’octobre 1940, juste après le 2ème anniversaire de cette fameuse émission. Ils devaient tous les deux donner une conférence à San Antonio au Texas. Le 28 octobre 1940, ils se rendirent ensemble au studio KTSA pour être interviewés par Charles C. Shaw :
Wells était vraiment sceptique sur cette soi-disant panique qui avait été donnée pendant la fête d’Halloween. Il dira :
- « Etes-vous certains qu’il s’agissait d’une panique aux Etats-Unis ou était-ce un moment humoristique pendant Halloween fun?
Orson Welles dit à son tour :
- «C’était supposé montrer le niveau de corruption et de décadence dans la démocratie. C’est pour cela que «la Guerre des Mondes» a si bien été accueillie.»
Puis le journaliste mentionna «les quelques excitations» qu’il y aurait eu. Welles répondit :
- «Mais de quelles sorte? M. H. G. Wells voudrait savoir si cette excitation n’était pas celle que l’on ressent lorsqu’il y a une bonne blague ou lorsque quelqu’un se couvre d’un drap pour faire «bouh!». Je ne pense pas qu’il y ait une personne qui croit qu’il y ait un fantôme, mais on se met à crier et hurler pour courir ensuite dans la pièce. Et c’est tout simplement ce qui est arrivé».
Quoiqu’il en soit, Orson Welles dû officiellement présenter ses excuses. Toute cette histoire a fini par le faire sortir de l’ombre et le mit à la lumière du public!
Selon la Bible
La presse écrite a voulu discréditer leurs concurrents d’alors : les stations radiophoniques.
La Bible n’est pas tendre avec le mensonge. Elle donne même la règle à appliquer avant d’accuser quelqu’un de faux témoignage ou de tout autre crime :
Deutéronome 19 versets 17-19.
- Les deux hommes en contestation comparaîtront devant l’Éternel, devant les sacrificateurs et les juges alors en fonctions.
Les juges feront avec soin des recherches. Le témoin est-il un faux témoin, a-t-il fait contre son frère une fausse déposition, alors vous le traiterez comme il avait dessein de traiter son frère. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi.
(voir notre article sur le principe des deux ou trois témoins).
Mentir, dire quelque chose de faux a pour but de tromper quelqu’un.
Proverbes 12 verset 17.
- Celui qui dit la vérité proclame la justice, Et le faux témoin la tromperie.
La Bible dit qu’il ne faut pas laisser ce genre de chose impunie :
Proverbes 19 verset 9.
- Le faux témoin ne restera pas impuni, Et celui qui dit des mensonges périra.
Que faut-il retenir ?
Même le «parjure» (mentir sous serment devant une Cour de justice) est reconnu comme un crime. Pourtant, les médias ne se gênent pas pour faire une guerre de l’information dans des buts divers.
L’histoire de cette émission sur la «Guerre des Mondes» a montrée que les «fausses nouvelles» ne datent pas d’aujourd’hui. Dans toutes les guerres, les divisions, cette «arme» a été utilisée.
Nous sommes tous responsables, à notre niveau, de prendre position pour la vérité ou le mensonge.
Mais la Bible dit que celui qui le pratique ne restera pas impuni. Heureusement pour ceux qui le souhaitent, Dieu est miséricordieux et Il pardonne.
Par contre, ceux qui continuent cette pratique finiront par en manger le fruit…
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Plus de détails, sources et références sont donnés dans la section ci-dessous « En savoir plus… ».
Référence (1)
Source : Wikipedia version anglaise (voir le lien dans la section «En savoir plus». Orson Welles s’adressait à un ami et mentor, Roger Hill, le 22 février 1983.
Retranscription de l’audio
Retranscription de l’audio de l’émission d’Orson Welles.
En anglais
- Lien : https://www.wellesnet.com/the-war-of-the-worlds-radio-script/Lien : https://www.wellesnet.com/the-war-of-the-worlds-radio-script/
En français
- Lienpour page 1 : ICI
Livres
En français
- Pierre Lagrange, La guerre des mondes a-t-elle eu lieu ?, Paris, Robert Laffont, 2005, 352 (ISBN 2-221-10466-8).
- La guerre des Mondes- Auteur : Herbert George Wells – Editeur : Gallimard (Folio Plus) – Parution : 1898 (1998 pour cette édition)
En anglais
- Joseph Campbell, Getting It Wrong : Ten of the Greatest Misreported Stories in American Journalism, Oakland (Californie), University of California Press, 2010, 288 p.
Articles :
En français
- Rtl (.fr) – Il y a 80 ans, le canular radiophonique d’Orson Welles faisait paniquer l’Amérique
- Wikipedia (fr) –La Guerre des mondes (radio, 1938)
- Le Monde (.fr) – « La Guerre des mondes », ou la fausse panique collective de 1938
- Slate (.fr) – Non, «La Guerre des mondes» d’Orson Welles n’a pas paniqué les Etats-Unis
En anglais
- Wikipedia (en) – The War of the Worlds (1938 radio drama)
Vidéos à rechercher (*) :
En français
- YouTube – RTL – Il y a 80 ans, le canular radiophonique d’Orson Welles faisait paniquer l’Amérique
- YouTube – Joseph Prince – Vivre sans stress
En anglais
- YouTube – David Webbs – Orson Welles – War Of The Worlds – Radio Broadcast 1938 – Complete Broadcast.
Copyright
- Louis Segond (LSG) by Public Domain sauf si spécifié autrement.
- (*) Les liens Youtube ne sont pas autorisés sur le texte d’un article. Vous devez rechercher la vidéo en utilisant les informations mentionnées.
- Image mise en avant : dessin personnel.
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