Geneviève de Paris
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Gemmes
Vers la fin de l’Empire romain, Paris fut sauvé des d’une invasion des Huns grâce à l’intervention d’une femme, répondant au nom de Geneviève. Elle fut, des siècles plus tard, déclarée « Sainte » par l’église catholique. Qui était-elle ? Et comment une seule personne a pu sauver une ville entière ?
Voulez-vous en savoir plus ?
Son histoire
Il est tout d’abord important d’indiquer qu’il y a peu de documents sur elle. En effet, elle a vécu à la fin de l’époque romaine et au début de l’époque mérovingienne.
Si nous connaissons son histoire, c’est grâce à un manuscrit qui a conservé sa biographie, semble-t’il écrit à la demande de son amie Clothilde, l’épouse du roi Clovis. C’est un prêtre burgonde qui l’a rédigé 18 ans après la mort de Geneviève (520-530 après JC), en se renseignant auprès de témoins directs. Cet ouvrage a été appelé « Vita de Geneviève ».
Des historiens débattent encore sur certaines informations sur sa vie. On va s’en tenir à la biographie « Vita de Geneviève » pour éviter de s’éparpiller !
Sa naissance et jeunesse
Elle est née à Nanterre vers 420 et y a passé une majeure partie de sa vie.
Ses parents appartiennent à l’autocratie gallo-romaine car son père est Franc romanisé. D’ailleurs, le nom de ses parents sont romains (son père Sévérus (qui veut dire « austère ») et sa mère « Géroncia » (qui veut dire « personne sage par l’âge et les vertus »). Mais Geneviève a en fait un prénom germanisé (« Genovefa » qui veut dire « jeune fille).
Sa famille est donc aisée et elle possède de vastes domaines et revenus autours de Paris et de Meaux.
Une consécration inopinée
Un jour, son destin bascule. Le pape Célestin avait dépêché deux évêques, Germain d’Auxerre et Loup de Troyes pour qu’ils se rendent en Grande-Bretagne pour combattre l’hérésie pélagienne (qui diminuait le rôle de la grâce).
Ils arrivent à Nanterre et font une halte pour se reposer. Germain repère la petite Geneviève et voit que la main de Dieu est sur elle. Il lui propose de se consacrer à Dieu, chose qu’elle acquiesce. Il va donc voir ses parents pour en discuter avec eux. Avant de repartir, il lui remet une pièce de monnaie marquée d’une croix en guise de pendentif.
Sa vie semble se poursuivre sans autre fait important. Jusqu’au jour où, sa mère demanda à sa fille de rester à la maison pendant qu’elle irait à l’église.
Geneviève protesta vivement : « Je veux garder la promesse du vénérable Germain. Je veux aller à l’église ! Je veux mériter d’être une bonne épouse du Christ ! ».
Sa mère fut meurtrie par la résistance de sa fille et, dans sa frustration, la gifla. Aussitôt Géroncia perdit la vue.
Vingt-et-un mois s’écoulèrent… Gérontia était toujours aveugle, mais d’un seul coup, elle se rappela des paroles de sa fille sur sa consécration. Elle demande donc à sa fille de lui amener de l’eau du puits. Elle s’en humecta les yeux et, miracle, sa vue lui revint instantanément !
L’évêque Villicus proclamera Geneviève comme faisant partie des « vierges consacrées à Dieu » lorsque cette dernière aura environ vingt ans. Il s’agit d’un rituel qui se déroulait pendant une messe au cours duquel on remettait un voile aux vierges consacrées.
Une femme de prières et d’affaires
Geneviève ne deviendra pas religieuse mais jonglera entre une vie de prières et de fonctions héritées à la mort de son père.
En effet, elle hérite, en tant que fille unique, de sa charge appelée « Curia » : celle d’être membre du conseil municipal. Elle commence donc à l’exercer à Nanterre puis à Paris (la ville ne s’appelait plus Lutèce).
Vers l’âge de 25 ans, désormais orpheline, elle part habiter à Paris chez sa « mère spirituelle » sur l’ile de la Cité. Elle gère alors le domaine familial tout en participant à la gestion de la ville. Elle est reconnue pour son habilité à mener les affaires que ce soit en termes de gestion que politique. Elle devient célèbre, car sa générosité envers les pauvres se fait connaître. Mais ce n’est pas du goût de tout le monde : lorsque l’évêque Germain passera à nouveau à Paris, il ne manquera pas de la défendre auprès des parisiens.
C’est aussi en 451, que le roi des Francs saliens, Childéric 1er, fit arrêter des prisonniers qu’il voulut faire exécuter à l’extérieur des murs de Paris.
Geneviève ne le vit pas de bon œil et n’hésita pas à sortir de la ville pour protester contre cette décision. Comme par miracle, les portes de la ville qui avaient été fermées par Childéric, s’ouvrirent spontanément devant elle. Elle put directement demander à Childéric de libérer ces prisonniers, ce qu’il fit.
La menace des Huns sur Paris
Mais à peine cet épisode est passé, que la même année, les Huns qui avaient déjà détruit Cologne sur leur passage, incendié Metz, Verdun Laon St-Quentin, Reims traversent la Marne. Désormais, ils arrivent sur Paris.
Les Parisiens ont un réflexe de survie : celui de vouloir fuir cette menace au plus vite ! Mais Geneviève le leur déconseilla vivement en leur disant que Paris serait épargné, mais qu’en fuyant au dehors, ils seraient à la merci des Huns.
Geneviève réussi à réunir des femmes pour prier que Dieu protège la ville.
Puis, elle harangue la foule :
- « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous, les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications. »
Et les Huns…. n’attaquent pas Paris. Mais que c’était-il passé ?
Était-ce parce que les hommes n’avaient pas fui et que le siège de Paris aurait été trop long pour eux ? Cherchaient-ils des proies plus faciles à piller ? Était-ce un miracle ou une « chance » ?
Il semblerait que les Huns apprirent que la ville était bien défendue. Ils partirent donc plus loin et attaquèrent Orléans, passèrent la Loire et s’en prirent aux Wisigothes en Aquitaine.
Les Huns furent finalement battus à Orléans par Aetius arrivé en renfort d’Italie, le 24 juin 451.
Les Parisiens célébrèrent la clairvoyance de Geneviève et elle gardera ce prestige et une grande autorité à partir de ce moment-là.
Un ravitaillement miraculeux
La menace des Huns est passée. Mais en 465, Geneviève s’oppose à Childéric 1er qui avait coupé toutes les relations commerciales avec Paris. Les Francs étant présents dans l’Est et en ile de France, ils voulaient aussi Paris !
Du coup, les Francs assiègent Paris entre 470 et 480. La famine commence rapidement à sévir. Geneviève, réussit à s’échapper plusieurs fois par la Seine en armant onze navires qu’elle a réquisitionnés pour aller jusqu’à Troyes, Brie et Champagne, rapatrier du ravitaillement pour que la population survive. Elle partit aussi pour Arcis-sur-Aube où le tribun Passivus l’accueillit. Elle guérit une femme malade. Selon l’histoire, les bateaux étaient tellement chargés qu’ils menaçaient de couler. Geneviève, tendant les mains vers le ciel, implora le Christ. Les bateaux purent repartir normalement !
Une réputation et amitié royales !
Sa détermination force l’admiration de tous, même celle du roi des Francs.
Geneviève se décide à entrer en relation avec le roi puis, avec son fils Clovis pour trouver une solution qui unisse tous les Gallo-Romains.
Sa réputation finit par dépasser la frontière.
Saint Syméon le Stylite, considéré comme étant « saint » par les catholiques et orthodoxes, est un hermite qui prie en haut d’une haute colonne en Turquie. C’est en discutant avec des marchands venus de la Gaule qu’il entendit parler de Geneviève et de ce qu’elle a accompli. Il leur demanda alors de lui envoyer un message : celle de la saluer de sa part et de lui demander de prier pour lui, voyant à quel point le Seigneur opérait dans sa vie.
Geneviève la bâtisseuse
Geneviève vit un jour la tombe du martyr Denis qui se trouve sur la route de Senlis, au Nord de Paris. Elle demande alors qu’on lui bâtisse une basilique en son honneur.
Juste pour vous donner une idée de qui est Denis : c’est l’un des sept évangélistes qui parcouru la Gaule au IIIème siècle. Il fut le premier évêque de Paris. Persécuté, il mourut en martyr sur le mont des Martyrs (en latin « Mons Martyrium » que vous connaissez bien puisqu’il s’agit aujourd’hui de « Montmartre » !). Seule sa tête aurait été récupérée pour être enterrée là où le roi Dagobert érigea la première Basilique de Saint-Denis.
Mais Paris a peu de matériaux de construction sur place et cela devient vite extrêmement compliqué ! Geneviève n’en démord pas : on trouvera les pierres à chaux qu’il faudra ! On finit par retrouver d’anciens fours à chaux et des carrières avoisinantes pour commencer la construction.
La construction commence. Mais maintenant, ce sont les charpentiers qui manquent d’eau et de boissons. Qu’a cela ne tienne : Geneviève prie et les coupes d’eau se mettent à se multiplier, comme l’avait fait Christ !
Des années plus tard, elle fera des dons pour la construction de la basilique qui sera érigée en l’honneur de Saint Pierre et Saint Paul sur la future montagne qui portera son nom : Sainte Geneviève.
La consécration de Céline
Geneviève avait rencontré Céline qui habitait à Meaux et avait estimé qu’elle pouvait être consacrée, elle aussi, comme Vierge pour le Seigneur. Seulement son fiancé ne voyait pas cela d’un très bon œil ! Il brandit des menaces, faisant les faisant fuir toute deux vers le baptistère de la Cathédrale dont les portes étaient, comme par hasard, ouvertes. Céline restera vierge et se consacrera aux prisonniers.
Le baptême de Clovis
Geneviève avait non seulement un prénom germanique, mais elle parlait aussi le « moyen haut allemand » qui était aussi la langue maternelle de Clovis.
Vers 493, Clovis épouse Clothilde. C’est probablement en préparant la célébration du baptême qui sera fait par l’évêque de Reims (Saint Rémi), que les deux femmes se lièrent d’amitié.
Clovis l’admirait tellement qu’il demande d’être enterré auprès de Geneviève – chose confirmée par Grégoire de tours en 544 dans son livre « Histoire des Francs ».
Ses dernières années et mort
Geneviève passera sa vie à gérer la ville et investir tout en guérissant les malades et à secourir les pauvres,
Chose rare pour son époque : elle s’éteignit à l’âge de 80 ans. Elle fut ensevelie le 3 janvier, son corps déposé dans un sarcophage de pierre et qui existe toujours à Saint Etienne-du-Mont. Il repose dans un tombeau préparé par Clovis pour sa propre famille.
Au 5ème siècle, Grégoire de Tours proclame qu’il y a toujours des miracles qui se produisent autour de son tombeau. Le célèbre Didier Erasme écrivit un poème en 1532 pour la remercier de l’avoir guéri d’un accès de fièvre.
En 1130, une épidémie fait mourir 14’000 personnes. L’évêque de Senlis fait transférer le corps de Geneviève à Notre-Dame : trois malades sont guéris en ayant simplement effleuré son corps.
Cette anecdote arrive aux oreilles du pape Innocent III qui vient l’année suivante célébrer une commémoration de ce dernier miracle. Dans la crypte archéologique de Notre-Dame se trouvent toujours les restes de l’église « Sainte-Geneviève-des-Ardents ».
Selon la Bible
Dans l’histoire chrétienne, Geneviève n’est pas la seule femme qui sauva une population.
Il y a l’histoire d’Esther, qui devint reine par le biais des circonstances et qui put intervenir auprès du roi pour sauver son peuple d’un massacre qui était programmé par une sorte de premier ministre qui les haïssait. Voir le livre d’Esther.
Du temps des Juges (1), il y eut la prophétesse Déborah, qui reçu un message de Dieu pour que celui qui dirigeait l’armée d’Israël sache par où et comment attaquer les ennemis qui venaient contre eux. Ce chef d’armée refusa d’aller au combat sans qu’elle vienne avec eux !
Le christianisme est une des rares religions qui remit la femme à un rang d’égalité pour qu’elle soit autant bénie par Dieu que les hommes.
Galates 3:28
- Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ.
1 Corinthiens 11 verset 11.
- Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme.
Les premiers témoins de la résurrection de Jésus furent des femmes. Christ a voulu leur redonner une place auprès de Dieu égale à celle de l’homme.
Mais elle doit continuer à respecter l’autorité de son mari (2).
En retour, le mari doit aussi honorer la femme sinon, ses prières seront « obstruées » !
1 Pierre 3 verset 7.
- Maris, montrer à votre tour de la sagesse dans vos rapports avec vos femmes, comme avec un sexe plus faible; honorez-les, comme devant aussi hériter avec vous de la grâce de la vie. Qu’il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières.
Que faut-il retenir ?
Il y a presque qu’un seul document qui relate en détails l’histoire de Geneviève. Mais la Bible raconte l’histoire d’autres femmes qui ont aussi sauvé des populations.
Toutes les femmes ne sont pas appelées à être des « Geneviève » au niveau d’une ville, mais beaucoup peuvent allier leur vie de femme, de mère avec leur métier.
Personne n’est insignifiant dans le Royaume de Dieu et nous avons tous un impact sur les autres !
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Ce que dit la Bible
Commentaires | Écritures |
Référence (1) phylactères | Matthieu 23 verset 5. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements; |
Sources externes
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Référence (1) Déborah, prophétesse du temps des juges. Voir Juges 4 pour toute l’histoire. | Juges 4 versets 8-9. Barak lui dit: Si tu viens avec moi, j’irai; mais si tu ne viens pas avec moi, je n’irai pas. |
Référence (2) La femme doit respecter l’autorité de son mari. | Éphésiens 5 verset 33. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.
Éphésiens 5 verset 22. Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur; |
Sources externes
Site web :
Fondationsaintegenevieve (.org)
Livres :
Joël Schmidt – Sainte Geneviève, la fin de la Gaule romaine, Perrin, 2008. – ISBN – 978-2-262-03828-1
Articles:
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- Wikipedia (fr) – Geneviève de Paris
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- YouTube – comité d’Histoire de la Ville de Paris – 1/Connaître sainte Geneviève : histoire et hagiographie au VIe siècle
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